Cliquez ici pour afficher normalement la page (avec mise en forme et graphisme). Si ça ne fonctionne pas, vérifiez que votre navigateur accepte JavaScript et supporte les CSS. Nous vous recommandons un navigateur respectant les standards, tel que : Google Chrome, Firefox, Safari…
Un moine nous confie ses vies passées et futures, qu’il a été capables de voir grâce à un niveau élevé de méditation. Son expérience permet d’illustrer à merveille la grande loi des causes et effets et le cheminement de chacun à travers le cycle sans fin des renaissances.
Grâce à la méditation, nous pouvons tous accéder à la connaissance de nos vies passées, que nous appelons en pali le paṭiccasamuppāda ñāṇa. Cela exige toutefois une grande maturité car cette connaissance ne peut être développée que sur la base des jhāna et de la connaissance directe des causes et effets, nāma rūpa pariccheda ñāṇa. Il existe d’autres façons pour accéder à des informations sur nos vies passées, comme par exemple : des éléments de mémoire spontanée, l’aide de médiums, etc. Néanmoins, il n’existe que deux moyens d’avoir par soi-même une vision directe de ses vies. Ils offrent l’avantage de ne laisser aucune place au doute. Le premier moyen est le paṭiccasamuppāda ñāṇa, où les informations apparaissent plus ou moins clairement selon les cas. Par exemple, nous accédons davantage aux informations sur les liens kammiques, les ressentis, les actes et le mode de vie plutôt qu’à des images visuelles ou à des informations telles que les noms des êtres rencontrés. Le second moyen sont les pouvoirs psychiques, les abhiñña, difficiles à développer mais qui permettent une vision accrue des existences passées et apportent plus d’informations.
Pour développer le paṭiccasamuppāda ñāṇa, il faut d’abord que notre samādhi nous permette de distinguer les moments de conscience. Ceux-ci apparaissent par millions le temps d’un clin d’œil. Ensuite, nous orientons notre esprit sur le moment de conscience présent. Puis nous suivons le lien vers sa cause, c’est-à-dire l’instant de conscience précédent. Ce dernier nous conduit à la connaissance de celui d’avant, et ainsi de suite. Avec l’entraînement, le processus s’accélère, en particulier pour les périodes déjà revisitées. Ainsi, pendant notre méditation, nous avons la possibilité de remonter de plus en plus loin dans le temps.
Comme nous partons du présent, nous commençons par revoir notre vie présente, notre enfance, notre naissance, notre gestation. Puis aussitôt derrière la première conscience de notre vie présente, autrement dit notre fécondation, nous prenons connaissance de la dernière conscience de notre vie précédente, autrement dit notre dernière mort. Cette conscience, qu’on appelle aussi la « conscience de mort », est la plus importante de toutes car elle est responsable de notre renaissance. Bien sûr, son apparition n’est pas le fruit du hasard, mais celui de plusieurs facteurs très complexes dûs à notre propre kamma. La conscience de mort de notre vie précédente est pour nous tous plutôt positive étant donné que nous avons eu la précieuse fortune d’avoir une renaissance dans le plan humain. Ensuite, et selon le même processus, nous prenons connaissance de notre précédente existence depuis sa fin jusqu’à son début. Et ainsi nous parvenons à nos autres vies passées.
Vous pouvez visiter ce site en égrenant une page après l’autre. Mais vous pouvez aussi cliquer sur des liens pour accéder directement à certaines informations. Sur le même principe, nous pouvons aussi accéder à des informations précises en suivant des liens kammiques. Ainsi, il est possible de savoir quel acte de telle vie nous lègue telle condition dans une telle autre sans avoir à parcourir toute la période intermédiaire. La connaissance des vies passées et futures s’apparente plus à la consultation d’une base de données qu’au visionnage d’une vidéo.
Ce qu’il y a de plus intéressant encore, c’est la possibilité d’explorer notre futur et de voir les vies qui nous attendent… Par rapport à la connaissance de nos vies antérieures, celle des vies à venir s’effectue selon un processus inversé. Nous partons du moment présent puis orientons notre esprit vers la conscience qui résultera de la conscience présente, et ainsi de suite. La connaissance des vies futures se développe en quelque sorte sur des probabilités de continuité basées sur les conditions actuelles. Cependant, contrairement au passé déjà écoulé, ce futur vu par avance n’est pas immuable comme si tout était préétabli. Mais il n’est pas non plus totalement aléatoire. Nous sommes fort heureusement libres de certains choix comme celui de nous appliquer à faire le nécessaire pour progresser vers la Délivrance. Mais la marge de libre arbitre est très faible comparée à la masse de conditionnements qui façonnent depuis si longtemps nos comportements physiques et mentaux.
Tant qu’on ne modifie pas les conditions de navigation, le navire poursuit son chemin vers le même cap. Si l’on souhaite changer de cap vers la direction opposée, il est impossible de retourner le navire en un instant. Néanmoins, à force de pousser le gouvernail dans le bon sens pendant le temps nécessaire, on finit par diriger le navire vers le cap voulu. Aussi, on n’arrivera pas à destination avant que le navire n’aie parcouru tout le trajet, et à la condition de maintenir le cap jusqu’à bon port.
En même temps, plus un kamma est solidement et longuement entretenu, que ce soit dans un sens positif ou bien dans un sens négatif, et plus minces voire nulles seront les probabilités pour qu’un événement prévu change ou ne se produise pas. C’est ainsi qu’un Bouddha est en mesure de prédire sans erreur qui sera un prochain Bouddha dans une durée de temps inimaginable, même si ce dernier connaîtra parfois des modes de vies dont les actes le pousseront à renaître encore dans des plans inférieurs.
Le nombre de vies passées ou futures qu’il est possible de connaître dépend autant des pāramī du méditant que de son intérêt pour cette connaissance.
« Quand la concentration est bonne, c’est très facile de voir ses vies », nous confient les grands méditants. Naturellement, faut-il encore appliquer correctement les instructions adéquates. Le paṭiccasamuppāda ñāṇa ne répond pas seulement à la curiosité « Où étais-je avant ? » et « Que ferais-je après ? » Cette connaissance est tout bonnement indispensable sur la voie de l’Accomplissement. En effet, elle précède et permet l’accès à la première des 10 connaissances de vipassanā. Ce n’est qu’en voyant soi-même les liens de causes à effets de renaissance depuis une vie passée vers une vie suivante que peut être pleinement acquise la connaissance des causes et des effets. Des individus ayant expérimenté cela par eux-mêmes expliquent qu’aussi longtemps que cette connaissance demeure incomplète, il n’est pas possible de commencer la vipassanā telle que Bouddha nous l’a enseignée. Selon certains maîtres, la réussite de cette étape requiert au minimum la vision d’une vie passée et d’une vie future.
En outre, cette vision des vies passées et futures permet d’anéantir le moindre doute sur la loi du kamma et les différents plans d’existence. Ce n’est plus une croyance, ni une confiance dans les enseignements du Dhamma, ni même une analyse logique mais une vision directe. Voir ainsi nos vies et constater que nous connaissons régulièrement et inévitablement des existences aux souffrances inimaginables et atrocement longues, même en dépit de vies consacrées entièrement à la vertu et à la méditation, occasionne la peur. Cela nous fait plus que jamais prendre conscience des dangers de l’insouciance et suscite l’urgence de faire de son mieux pour arriver à la Délivrance de ce cycle aussi vicieux qu’infernal.
Souvent, les méditants qui parviennent à prendre connaissance de leurs vies voient qu’ils renaîtront dans un plan brahmā. En effet, le développement et l’entretien des jhāna y conduisent. Au terme de cette existence, ils ne voient plus rien… simplement parce qu’ils continuent naturellement dans leur élan de pratique juste et profonde du Dhamma et que le monde des brahmā offre les meilleures conditions pour la méditation puisque les obstacles n’existent pas — en dehors des croyances erronées, mais en l’occurence ce problème ne se pose pas non plus. Les méditants qui voient encore de nombreuses vies futures sont généralement ceux qui formulent le vœu de devenir Bouddha.
Il y a un moine birman qui m’a beaucoup aidé durant mes deux dernières années de méditation intensive. Pour illustrer ses enseignements sur les connaissances développées grâce à la méditation, il m’a dévoilé les vies passées et futures qu’il a été capable de voir grâce à la connaissance directe du paṭiccasamuppāda ñāṇa. Cette révélation n’était pas une faute car j’étais alors moi-même moine. Pour respecter son anonymat, je l’appelerai « Isidore ».
Voir ci-dessous le tableau de ses vies passées et futures.
Sans les commentaires des vies d’Isidore qui le suivent, le tableau de ses vies n’offre qu’un intérêt limité et ses données peuvent facilement être mal interprétées.
Exemple : « Tel animal veut être humain » ne signifie ni qu’il pense qu’il renaîtra après sa mort, ni qu’il est conscient de ce qu’est réellement un humain, mais simplement qu’il ressent que l’Homme a une condition supérieure à la sienne, qu’il est généralement plus en sécurité que lui et donc moins tourmenté.
Le « lien de renaissance » est l’instant de conscience, accompagnant ou non un acte et parfois datant d’une vie éloignée, qui cause les conditions de la renaissance suivante. À ne pas confondre avec la conscience du moment de la mort, qui aiguille instantanément l’esprit vers la vie suivante.
No | Plan d’existence | Espèce, sexe, fonction, situation | Lien de renaissance (L) / Remarque (R) |
---|---|---|---|
-38 | Animal | daim | L : Désir pour les femelles de son espèce. |
-37 | Animal | daine | L : Voit un humain et souhaite connaître la même condition. |
-36 | Humain | ascète | R : Développe des vues erronées. |
-35 | Humain | grand pêcheur | L : Veut encore être humain. |
-34 | Humain | administrateur de région |
L : Veut encore être humain. |
-33 | Humain | chef de village | R : Veut encore être humain, mais de nombreux akusala remontent en surface. |
-32 | peta loka | ogre | L : Veut être humain. |
-31 | Humain | juge | L : Veut encore être humain. R : S’adonne à la corruption. |
-30 | Humain | homme | L : Veut encore être humain. R : S’adonne à l’alcool. |
-29 | Humain | gangster | L : Veut encore être humain. |
-28 | Humain | chasseur | R : Tue des singes. |
-27 | Enfers | mâle, être tourmenté |
|
-26 | Animal | singe | L : Désir pour les femelles de son espèce. |
-25 | Animal | guenon | |
-24 | Animal | guenon | |
-23 | Animal | guenon | |
-22 | Animal | guenon | |
-21 | Animal | guenon | L : Désir pour les mâles de son espèce. |
-20 | Animal | singe, chef de horde |
L : Désir pour les femelles de son espèce. |
-19 | Animal | guenon | L : Désir pour les mâles de son espèce. |
-18 | Animal | singe | |
-17 | Animal | singe | L : Désir pour les femelles de son espèce. |
-16 | Animal | guenon | |
-15 | Animal | guenon | L : Aperçoit un humain et désire connaître cette condition. |
-14 | Humain | femme pauvre | L : Souhaite encore être une femme, offre des fleurs à un zédi. |
-13 | Humain | femme riche | L : Souhaite être un homme. R : Développe des kusala. |
-12 | Humain | homme | R : Offre des fleurs à un zédi. |
-11 | Humain | homme riche | L : S’adonne à l’adultère. R : Offre des fleurs à un zédi en souhaitant renaître encore homme. |
-10 | Humain | eunuque | L : Veut être devī. R : Offre du riz aux moines. |
-9 | Céleste | devī | L : Souhaite renaître comme femme (humaine) riche continuant à développer des kusala. R : Offrande de fleurs à un zédi. |
-8 | Humain | princesse | L : Souhaite (encore) renaître comme femme (humaine) riche continuant à développer des kusala. R : Offrande de riz aux moines. |
-7 | Humain | femme riche | L : Souhaite renaître en homme. R : Offre des fleurs au zédi Shwedagon. |
-6 | Humain | homme célibataire | L : Souhaite renaître en homme. R : Offre des fleurs à un zédi. |
-5 | Humain | tueur de cochons | L : Le signe de l’instant de la mort est un cochon. R : Développe en même temps beaucoup de kusala. |
-4 | Animal | porc | L : Désir pour les truies. |
-3 | Animal | truie | L : Aperçoit un moine et souhaite être un humain. |
-2 | Humain | paysanne vendeuse de fleurs |
L : Offre des fleurs à un zédi. R : Nourrit le souhait de renaître dans le plan humain en moine et d’être en mesure d’enseigner le Dhamma. |
-1 | Humain | moine de forêt | L : kasina blanc. R : Devient sāmaṇera à 10 ans. Souhaite renaître dans une vie de moine et formule le vœu de devenir un Bouddha. Développe tous les jhāna (sur la base du kasina blanc). Pratique vipassanā. Meurt à 69 ans. |
No | Plan d’existence | Espèce, sexe, fonction, situation | Lien de renaissance (L) / Remarque (R) |
---|---|---|---|
0 | Humain | moine de forêt | L : Offre des fleurs à une statue de Bouddha (action déjà passée). R : Souhaite renaître encore dans une vie de moine et réitère le vœu de devenir un Bouddha (avant même d’avoir été en mesure de vérifier qu’il avait déjà formulé le même souhait durant sa vie précédente). Mourra à 105 ans. |
No | Plan d’existence | Espèce, sexe, fonction, situation | Lien de renaissance (L) / Remarque (R) |
---|---|---|---|
1 | Humain | moine de forêt | L : Formule le souhait de renaître sur le plan tusitā des deva R : Verse de l’eau sur un rejet de l’arbre de la Boddhi. Développe les jhāna et vipassanā. |
2 | tusita | deva | L : Souhaite renaître en homme (humain de sexe masculin). R : S’adonne aux plaisirs. Offre des fleurs à un zédi. |
3 | Humain | homme riche | L : Souhaite renaître encore en homme. R : Rencontre peut-être le prochain Bouddha (ou boddhisatta). |
4 | Humain | roi | L : S’attache fortement à ses possessions. |
5 | peta loka | mâle | L : Veut être un homme. |
6 | Humain | homme riche | L : Entretient un bon sīla. R : Bénéficie principalement du résultat des kusala de la vie présente (0). |
7 | Céleste | deva | L : Observe correctement les 5 préceptes. R : Entretient un bon sīla. |
8 | Céleste | deva | L : Développe le 1er jhāna. |
9 | Au 1er jhāna de rūpa loka |
brahmā | L : Développe le 3e jhāna. |
10 | Au 3e jhāna de rūpa loka |
brahmā | L : Développe le 4e jhāna. |
11 | Au 4e jhāna de rūpa loka |
brahmā | L : Absorption jhanique. |
12 | Humain | roi | L : Entretient un bon sīla R : Connaît le sāsana. Enseigne les 5 préceptes. |
13 | tusita | deva | L : Entretient un bon sīla R : Enseigne les 5 préceptes. Souhaite la même renaissance. |
14 | tusita | deva | L : Souhaite renaître homme. |
15 | Humain | homme riche | L : Souhaite renaître deva R : Entretient un bon sīla. |
16 | Céleste | deva | L : Se laisse aller aux plaisirs. |
17 | Enfers | être tourmenté | |
18 | Animal | chienne | R : Commet essentiellement des akusala. |
19 | Animal | truie | R : Commet essentiellement des akusala. |
20 | Enfers | être tourmenté | |
21 | Humain | ascète | L : Formule le souhait de renaître homme. R : A un bon sīla. Développe tous les jhāna. |
22 | Humain | roi | R : Commet essentiellement des akusala. |
23 | Enfers | être tourmenté | |
24 | Animal | porc | L : En apercevant un ascète faire sa collecte de nourriture, il ressent le souhait de connaître la même condition. |
25 | Humain | moine | L : Souhaite rester humain. R : Développe tous les jhāna. |
26 | Humain | homme riche | R : Commet l’adultère. |
27 | Humain | prostituée | L : Souhaite devenir devī. R : Commet essentiellement des akusala, mais les bénéfices d’offrandes de fleurs à des zédis de nombreuses vies plus tôp répondent à son souhait. |
28 | Céleste | devī | R : S’adonne aux plaisirs. |
29 | Enfers | être tourmenté | |
30 | Humain | prostituée | |
31 | Enfers | être tourmenté | |
32 | Humain | femme | |
33 | Céleste | devī | |
34 | Au 3e jhāna de rūpa loka |
brahmā | |
35 | Au 4e jhāna de rūpa loka |
brahmā | |
36 | arūpa loka | brahmā | |
37 | arūpa loka | brahmā | |
38 | Humain | épouse de roi | |
39 | Humain | ascète | R : Développe tous les jhāna. |
40 | Céleste | deva | |
41 | Humain | brahmane | R : Enseigne des croyances erronées. |
42 | Enfers | être tourmenté | |
43 | Humain | mendiant | |
44 | Humain | pauvre | |
45 | Humain | paysan | |
46 | Humain | homme riche | |
47 | Humain | femme riche | |
48 | Humain | reine | |
49 | Humain | femme ascète | |
50 | Humain | femme ascète | |
51 | cātumahārājika | devī | |
52 | Humain | femme pauvre | R : Entretient un bon sīla |
53 | tusita | devī | R : Développe le 4e jhāna. |
54 | Au 1er jhāna de rūpa loka |
brahmā | |
55 | Humain | princesse | |
56 | Humain | femme riche | |
57 | Humain | homme riche, puis ascète |
R : Développe tous les jhāna |
58 | Humain | brahmane | R : Enseigne des croyances erronées. |
59 | Enfers | être tourmenté | |
60 | Animal | coq | |
61 | Enfers | être tourmenté | |
62 | Animal | chien | |
63 | Humain | pauvre | |
64 | Humain | riche | R : A un bon sīla |
65 | tāvatiṃsa | devī | |
66 | Humain | pauvre | |
67 | Humain | pauvre | |
68 | cātumahārājika | devī | |
69 | tāvatiṃsa | devī | |
70 | tāvatiṃsa | devī | |
71 | Humain | pauvre | |
… |
Extrêment rares sont les situations où nous sommes conscients et acceptons l’idée de renaissance après la mort, même à une époque comme aujourd’hui où l’enseignement du Dhamma est relativement connu. Néanmoins, dans tous les cas, un être, qu’il soit humain, animal ou autre, peut ressentir le souhait d’être à la place d’un être supérieur à sa propre condition, à défaut de pouvoir formuler le souhait de renaître dans telle ou telle condition. Quelle que soient les croyances, les souhaits les plus primitifs sont donc pris en compte, dans la mesure où le kamma le permet.
Même si le souhait peut prendre une part importante, il ne suffit pas à obtenir telle ou telle condition de renaissance. Les états d’esprit les plus intenses et le kamma passé ont plus de poids. C’est comparable à de l’argent. Plus nous en avons et plus nous pouvons acquérir ce que nous voulons. Mais parfois même tout l’or du monde ne permet pas d’acheter une chose, par exemple si elle est déjà vendue ou si le magasin n’est pas encore ouvert.
Nous entendons ou lisons souvent — en référence à la fameuse métaphore de la tortue — qu’il est extrêmement rare de renaître dans le monde humain et qu’il est encore plus rare d’avoir l’opportunité de rencontrer le Dhamma, d’en saisir l’importance, et a fortiori de le pratiquer efficacement. Or, en parcourant le tableau des vies d’Isidore, nous constatons qu’il renaît malgré tout assez fréquemment dans le plan humain, et qu’il a de surcroît, souvent des vies de renonçant.
La métaphore de la tortue concerne en réalité seulement ceux qui s’entretiennent dans les états d’esprit pernicieux, et le désir en fait partie. Cela concerne malheureusement la très large majorité des humains. Il s’agirait de plus de 99 % des humains selon certains moines. Cette comparaison avec la tortue vivant dans les océans prend son origine dans le soutta du sot et du sage :
Résumé du soutta du sot et du sage
Cette métaphore est souvent exagérée dans le but d’effrayer les insouciants qui courent à leur perte. Mais c’est inutile car malheureusement la réalité est déjà bien suffisamment effrayante.
Il faut aussi savoir qu’une vie humaine est extrêmement courte comparée à une vie en enfer ou dans les plans supérieurs. Une vie humaine dure près d’un siècle au mieux alors que la vie dans d’autres plans peut se prolonger pour des centaines voire des milliards de siècles.
Lorsque de vie en vie nous entretenons longuement notre esprit aux qualités nécessaires à l’Accomplissement — les pārāmī : la vertu, la patience, la bienveillance, la générosité, le renoncement… —, les opportunités de bénéficier de renaissances propices deviennent beaucoup plus grandes. Les vies d’Isidore l’illustrent bien. Grâce à la puissance des nombreux kusala qu’il accumule, il est souvent amené à connaître de nouveau des conditions favorables. C’est un peu comme un pâtissier qui excelle dans son métier. Lorsqu’il doit changer de région, même s’il doit rester sans emploi de temps à autre, il finira par retrouver rapidement un poste intéressant.
Selon le même principe, un moine ou un ascète a infiniment plus d’opportunités de renaître en tant que tel qu’un individu n’ayant jamais eu un mode de vie proche du renoncement. De même, un ancien élu politique a beaucoup plus d’opportunités d’être élu président ou ministre qu’une personne n’ayant jamais fait de politique. Le kamma n’est ni une question de hasard ni une question de pouvoir divinatoire, mais simplement une question de logique.
Le fait qu’Isidore était et sera assez souvent roi peut surprendre. La raison en est simple. Quand on entretient une vertu exceptionnelle, on bénéficie également de résultats exceptionnels. Aussi, à notre échelle nous connaissons assez peu de rois, mais au fil des cycles des mondes il y en a un nombre incalculable. Sans compter que le plus souvent, dans les époques moins modernes, les rois étaient très nombreux et dirigeaient souvent des contrées minuscules comparées à celles des royaumes actuels.
Si Isidore a pu voir de nombreuses vies futures, c’est parce qu’il a aspiré à devenir boddhisatta pour être un Bouddha. Il avait formulé ce souhait bien avant d’être capable de voir ses vies. Il a aussi constaté qu’il avait déjà pris ce vœu durant sa précédente existence. Cela confirme bien que les intentions fermement ancrées persistent de vie en vie. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il peut être très dangereux de s’investir dans des croyances erronées. Ces dernières nous entretiennent dans l’éloignement du Dhamma qui est déjà si difficile à rencontrer. De plus, nous entraînons dans cet éloignement tous ceux qui nous suivent dans ces croyances. Bien sûr, les candidats sont nombreux pour devenir Bouddha et il n’y a qu’une seule place à la fois. Ceux qui abandonnent en cours de chemin, grâce à leur long entraînement, développent généralement rapidement le dernier stade de l’Accomplissement et deviennent arahant, avec de grandes capacités à enseigner. Bouddha est loin d’être le seul poste à pourvoir. Nous pouvons également choisir de devenir l’un de ses 2 disciples suprêmes, l’un de ses 5 premiers disciples, l’un de ses 80 grands disciples, son assistant, l’épouse du boddhisatta, son fils, son père, sa mère, etc.
Isidore m’expliquait que le tempérament des êtres persiste longuement et qu’il ne change pas aussi facilement que les intentions. Il me disait avoir constaté une disposition mentale identique à travers ses différentes vies, qu’il fût moine, gangster, ou même cochon. C’est pourquoi seul un Bouddha a le temps, à travers son entraînement de boddhisatta durant de si nombreuses vies, d’arriver à un tempérament parfaitement neutre, dépourvu de toute idiosyncrasie.
Lorsque dans sa méditation il parcourait sa vie de truie, Isidore a vu que son esprit d’animal pouvait ressentir un sentiment d’admiration et même de dévotion envers de nobles êtres, comme des moines. Cela n’est pas difficile à imaginer puisque nous pouvons voir, par exemple, les différences de comportement d’un chien face à un humain, selon les intentions de ce dernier.
Actuellement, la « pagode » Shwedagon, qui est avant tout un reliquaire contenant des cheveux de Bouddha et quelques objets dont ils se serait servi, est le plus imposant et le plus vénéré des zédis au monde. Il existe depuis près de 25 siècles. De la même façon, on trouve des zédis dans les plans des deva.
L’enseignement principal qui ressort de l’étude de toutes ces existences et de leurs conséquences est l’importance primordiale de la bonne information : rencontrer le Dhamma et être en mesure de le comprendre.
Ignorant le Dhamma, nous suivons nos tendances naturelles chargées d’akusala comme par exemple : la colère, le désir, la peur, l’avarice, l’orgueil, etc. Ces actes pernicieux nous envoient dans des vies aux conditions malheureuses pour des durées qui peuvent paraître interminables.
Connaissant et comprenant le Dhamma, nous entretenons soigneusement les qualités requises pour l’Accomplissement, qui sont chargées de kusala comme par exemple : la bienveillance, le contentement, le calme, la générosité, le détachement, etc. Ces actes sains nous envoient dans des vies aux conditions avantageuses et nous permettent aussi d’y revenir facilement en cas de petite chute.
Fort de cet enseignement, il serait extrêmement déraisonnable de laisser de côté la pratique du Dhamma ou de le reporter à plus tard.
Qui paie ses dettes s’enrichit : enseignement efficace pour aider à prendre conscience de l’importance de chacun de nos actes, même mentaux.
Le saṃsāra : brève présentation du cycle des existences, et tableau exposant les 31 différents plans d’existence.
Origine : Rédigé pour dhammadana.org
Date : Févr. 2011
Auteur : isi Dhamma, d’après l’expérience d’1 moine (anonyme)
Mise à jour : 25 févr. 2011