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résumé de la page

Petit sermon destiné à anéantir la peur du renoncement.

La peur de renoncer

La pleine sagesse offre à l’esprit une telle souplesse que l’acceptation de toutes les situations devient aussi naturelle qu’un roseau acceptant tous les vents.

Le développement de la sagesse jusqu’à la Délivrance nécessite un moyen d’existence juste au sens du Noble chemin octuple. Il y a donc un choix à effectuer si l’on est investi dans un processus qui ne contribue pas à se diriger dans le sens du Dhamma — par exemple, un travail empêchant le développement d’un esprit pur. En clair, soit on abandonne ce qui fait obstacle à la Noble Voie, soit on dédaigne cette Voie.

Je reçois régulièrement des messages de personnes qui se sentent prêtes à « faire le saut », à expérimenter la vie de renonçant, mais qui n’osent pas, qui demeurent hésitantes, comme celui qui s’apprête à sauter à l’élastique dans le vide pour la première fois. C’est normal ; on a toujours peur de ce qu’on ne connait pas.

Il n’y a cependant aucune raison de craindre quoi que ce soit, sinon le fait de ne pas avoir le courage de faire ce pas et de passer ainsi à côté de la Porte de Sortie. Plus l’on renonce et plus l’on est récompensé. Les choses se passent toujours mieux pour qui sait tout lâcher. La peur dont il est question ici est en fait un attachement. À quoi ? À notre confort habituel, à notre « sécurité », qui là n’est que physique et matérielle. Justement, la véritable sécurité est assurée par le développement d’états d’esprit de renoncement, de vertu, et de bienveillance.

La méditation — autrement dit le cœur de la pratique du Dhamma, le dernier palier avant nibbāna — porte ses fruits seulement quand précisément on commence à tout lâcher… et à se préoccuper exclusivement du présent. Ainsi, plus l’on se détache du futur, en se moquant bien de ce qui adviendra le lendemain ou même la minute suivante, et mieux les choses se passent le plus simplement du monde. Ce qui n’empêche pas de s’organiser quand besoin est, comme réserver un billet d’avion quelques mois en avance.

Mes plus pertinentes expériences spirituelles sont toutes les fois celles où je me suis retrouvé à débarquer en un lieu sans un sou, sans connaître personne, sans idée d’où résider, ni de comment obtenir à manger, parfois dans une région dont je ne connaissais pas la langue ou une région non bouddhiste. L’esprit est alors si vide, si libre, si léger. De ce fait, on se sent extrêmement confiant, voire en extase. Les situations se déroulent donc mieux qu’espérées ; on ne manque jamais de rien. C’est comme si l’assurance, la quiétude, la confiance dans le Dhamma, faisait fondre les difficultés comme de la neige au soleil.

Quand on a la « chance » de ne pas avoir de « responsabilité lourde », comme des enfants à charge, il serait dommage d’hésiter à expérimenter « la vie sans foyer », ne serait-ce que provisoirement. Même s’il s’avère que l’on souhaite revenir à une vie mondaine et même si l’on ne retrouve pas tout ce que l’on avait, une telle expérience apporte des bénéfices bien plus grands, dans tous les cas. Mon expérience m’a toujours montré à quel point la vie est bien plus riche quand on renonce à l’argent, et donc à tout ce qui va avec.

Il suffit de comprendre que le détachement permet d’obtenir non seulement aisément les objets de ses besoins vitaux mais surtout les plus grands bénéfices intérieurs. Ces bénéfices intérieurs sont : d’avoir confiance en ses propres qualités d’honnêteté ; d’avoir la pure volonté de faire de la Voie de la Sagesse sa priorité ; et d’avoir la patience, c’est-à-dire la capacité d’endurer ce qu’il y a à endurer sachant que l’on obtiendra inévitablement ce que l’on mérite. Je crois que c’est tout cela qui signifie « avoir confiance dans le Dhamma » — que l'on appelle saddhā en pali —, et qui est exprimé par cet aphorisme : « Celui qui protège le Dhamma sera protégé en retour par le Dhamma ».

Un jeune homme né en prison est terrifié à l’idée d’en sortir. Il peut refuser sa libération, même si on lui explique combien il est mieux d’être libre. Il craint la liberté parce qu’il ignore ce que c’est. De plus, il est très attaché au dessin qu’il a fait sur le mur décrépit de sa cellule, à la voix du détenu voisin qui noie son malheur dans le chant, à la mandarine qu’il reçoit les jours de fête.

Quand on fait ce saut dans le renoncement, le seul regret qu’on puisse avoir est de ne pas l’avoir effectué bien plus tôt !

isi Dhamma

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Origine : Texte écrit pour le site

Auteur : isi Dhamma

Date : 7 juin 2012

Mise à jour : 7 juin 2012

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