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Basé sur la parole du Bouddha et agrémenté de recommandations fondamentales, ce texte résume l'essence de toute la pratique qui conduit vers la Libération.
Le texte suivant regroupe l’essentiel de l’enseignement du Dhamma : Juste ce qu’il convient de savoir pour développer les qualités nécessaires jusqu’à la Libération de toutes les insatisfactions. Celui ou celle qui s’applique scrupuleusement à ces instructions parviendra à l’Éveil − le bonheur parfait − en quelques années tout au plus.
De plus, cela est :
On pourrait ajouter que c’est sans croyances et sans rites, et qu’il n’y a même pas besoin d’apprendre un seul texte par cœur.
En dépit de cela, parmi ceux qui lisent cette page, presque personne ne le fera. Pour quelle raison ? Un aveuglement trop grand ! On s’attache à des petits plaisirs sensoriels misérables que l’on ne concèderait pour rien au monde. Seulement voilà, le lâcher-prise est le prix à payer pour cette libération complète. Il s’agit donc d’à peine quelques crottes en échange d’un bonheur pur et constant, mais notre accrochement à ces petites crottes est plus fort que tout. On ne voit pas les très nombreuses difficultés que nous choisissons de subir pour des plaisirs tellement petits et qui, de surcroît, ne durent jamais longtemps.
En outre, nous créons en continu des projections auxquelles on s’attache telles que de la glu. Cela est tout bonnement idiot puisque les choses ne se déroulent jamais comme prévu. Bouddha a dit : « Concernant le futur, quelle que soit la chose à laquelle vous vous attendez, ce sera quelque chose d’autre. » Celui qui n’attend plus rien éprouve de la félicité, simplement parce qu’il n’attend plus rien.
Après cette petite mise en garde, nous pouvons passer aux instructions qui nous permettrons de sortir de la Prison…
Tout au long du Chemin, nous développons de nombreuses qualités. Mais tout est principalement une question de purification, de lâcher-prise et de discernement.
La première étape consiste à purifier son sīla aussi soigneusement que possible. Méditer avec un sīla impur, ce serait comme de tenter de faire tenir en équilibre un enfant sur un cheval sauvage qui n’aurait pas été dompté. Et sīla ne sert pas que pour la méditation…
Dans un Soutta à propos de la purification, le Cunda sutta [AN 10.176], le Bouddha explique que quiconque s’abstient de dix voies déméritoires est assuré de bénéficier d’une renaissance favorable. En revanche, s’il adopte l’une de ces voies, il renaîtra dans les mondes inférieurs. Ces dix points sont les 10 akusalakammapattha (akusala = déméritoire ; kamma = acte ; pattha = chemin) :
Le Cunda sutta (site externe)
Il existe quatre attitudes qui, si nous les observons diligemment, nous protègent de tout risque de déchéance sur la Voie du Dhamma. Le Bouddha l’expose dans l’Aparihāniya sutta [AN 4.37].
La perfection de la vertu est par définition le vinaya, ou tout au moins le patimokkha, les 227 principales règles des bhikkhu.
Pour un laïc, il s’agit au strict minimum des 8 préceptes.
Être vigilant aux six portes sensorielles (vision, ouïe, toucher, goût, odorat, pensée) de sorte à ne pas laisser une perception générer le moindre attachement.
Chaque objet perçu par les six sens est connu pour ce qu’il est, de sorte à ce que n’apparaisse aucun état d’esprit malsain, tel que l’avidité ou l’aversion.
Se nourrir dans le seul but de palier à la faim. Ne jamais consommer d’aliments pour autre chose que la survie du corps.
La nourriture est un point important puisqu’il s’agit d’une des seules choses plutôt plaisantes à laquelle il n’est pas possible de renoncer. D’où l’intérêt à redoubler de vigilance durant les repas.
Bouddha recommandait de ne pas dormir plus du tiers de la nuit (nuit = du crépuscule à l’aube, donc environ 12 heures), soit près de quatre heures (ce qui correspond à peu près à trois cycles du sommeil).
À l’aide d’un samādhi bien développé, le corps a naturellement besoin de beaucoup moins de sommeil.
L’Aparihāniya sutta (site externe)
Une fois purifié, l’esprit recherchera l’équilibre, qu’il trouvera grâce à la bonne balance de quelques facteurs, pour finalement s’absorber et se donner les conditions justes qui le mèneront naturellement jusqu’au salvateur nibbāna, destructeur de toutes les souillures.
Suspendu sur un câble au-dessus du vide, on est en danger. À l’instar du funambule habile, il n’y a qu’en parvenant à trouver, dans le calme et la confiance, tous les points d’équilibre, qu’on devient capable d’avancer droit et sûrement, jusqu’à parvenir là où l’on sera libéré de tout risque de danger.
Lorsque ces cinq facteurs sont parfaitement équilibrés, l’esprit s’absorbe de lui-même dans le jhāna.
Comme cette liste le montre, il y a sati au centre, et les autres facteurs, qui se développent en deux paires équilibrées.
La Confiance, c’est d’être libre de doutes quant à sa pratique, lorsqu’elle s’accorde aux recommandations du Bouddha.
Quand il n’y a pas assez de confiance, on sombre dans le doute ; quand il y a trop de confiance, on croit n’importe quoi, même à des superstitions.
L’Effort, c’est de ne jamais baisser sa garde quant aux 4 attitudes empêchant toute déchéance, et de développer samatha ou vipassanā sans discontinuité.
Quand il n’y a pas assez d’effort, on dérive de la Voie ; quand il y a trop d’effort, on se fatigue inutilement, puis on se décourage.
La Vigilance, c’est d’être totalement présent à ce qui apparaît à l’esprit, dans l’instant présent.
Quand il n’y a pas assez de vigilance, on sombre dans les 5 entraves (voir plus bas) ; il n’y a jamais trop de vigilance.
La Stabilité de l’esprit, c’est d’apaiser l’esprit jusqu’à être en mesure de le laisser complètement et durablement sur un objet choisi.
Quand l’esprit n’est pas assez stable, il sombre dans l’agitation, ce qui le déconnecte de la méditation ; quand l’esprit est stable mais qu’il y a un déséquilibre dû à un manque d’effort, il dérape ou s’endort.
La Sagacité, c’est d’investiguer judicieusement les phénomènes qui apparaissent pour les comprendre clairement et profondément.
Quand il n’y a pas assez de sagacité, on sombre dans les vues erronées ; quand l’esprit est sagace, mais qu’il y a un déséquilibre dû à un manque de confiance, on sombre dans le scepticisme, dans le rejet.
Tant que l’esprit n’est pas solidement établi dans le samādhi et le sati, il peut être plus ou moins régulièrement assailli par les 5 nīvaraṇa. Un bon développement des 5 indriya permet de tenir ces nīvaraṇa à l’écart. Il est intéressant de remarquer que le contraire de chacun de ces 5 nīvaraṇa correspond précisément aux 5 facteurs du premier jhāna (voir le tableau en bas de l’introduction de la page sur les nīvaraṇa).
On parle aussi des 7 facteurs d’Éveil (bojhanga), mais il n’est pas indispensable de s’en préoccuper, car ils apparaissent et s’équilibrent d’eux-mêmes lorsque les 4 attitudes « anti-dérapage » et les 5 indriyas sont correctement appliqués.
Pour information, les 7 facteurs d’Éveil sont : 1) sati (Vigilance) ; 2) dhamma vicaya (Investigation intérieure) ; 3) vīriya (Effort) ; 4) pīti (Joie, enthousiasme) ; 5) passaddhi (Calme) ; 6) samādhi (Stabilité de l’esprit) ; 7) upekkhā (Équanimité).
Les deux principaux aspects de la méditation, samatha (la tranquillité) et vipassanā (la vision introspective), doivent également être développées de façon équilibrées.
La Vision introspective est comme un médecin compétent incapable de découvrir un virus à l’œil nu, la Tranquillité comme un microscope ; inutile sans le médecin.
Il est donc bien d’offrir à son esprit le samādhi juste (ce qui correspond aux jhānas) avant de l’investir en profondeur dans la Vision introspective.
Dans notre contexte donc, si nous disposions de quatre ans pour abattre nos souillures à l’aide d’un esprit introspectif, nous devrions consacrer trois ans à l’aiguiser à l’aide de samatha.
Le plus simple est de commencer par ānāpāna, de continuer avec ānāpāna, et de finir avec ānāpāna. La procédure ? S’assoir confortablement, le dos droit, en un lieu calme et isolé, de rester immobile, de fermer les yeux, et de garder l’esprit uniquement sur l’endroit le plus manifeste de la sensation provoquée par l’air qui entre et sort par le nez. On s’absorbe de la sorte sur la continuité de cette sensation provoquée par une respiration paisible mais naturelle, en oubliant tout le reste. On revient sur cet objet chaque fois que ce n’est plus le cas, continuellement et patiemment. C’est tout.
On peut parfois être guidé par un instructeur de méditation, mais les réponses aux questions importantes viendront d’elles-mêmes dans la pratique.
Quand l’esprit est bien stabilisé, il est prêt à discerner les constituants de chaque phénomène apparaissant. Le discernement, qui est l’attitude mentale conduisant à la Vision introspective, est une attitude à entretenir. Ainsi, il deviendra un réflexe, et il opérera aisément dans les moments clés.
Le discernement est l’affaire de chacun. Personne ne peut apporter à quiconque le Dhamma sur un plateau. C’est pourquoi l’on doit pratiquer soi-même. On doit régulièrement investiguer, on doit trouver SA voie sur LA Voie.
Il rend supportable ce qui ne l’est pas, appréciable ce qui ne l’est pas, accessible ce qui ne l’est pas. L’entraînement qui consiste à se contenter de chaque situation telle qu’elle se présente, aussi inconfortable soit-elle, facilite considérablement tous les types d’obstacles que l’on rencontre sur la Voie.
Une chose permettant de développer le contentement presque automatiquement est la gratitude. Elle constitue à elle seule une excellente pratique. C’est la plus habile manière de se concentrer sur les bons aspects des choses, y compris dans les situations les plus hostiles. Quoi que nous puissions expérimenter, il y a toujours matière à développer de la reconnaissance envers des individus grâce auxquels on bénéficie de certaines choses profitables ou utiles, quelles que soient leurs intentions d’ailleurs. Ceux qui savent entretenir la gratitude sont les plus heureux, même s’ils ont à peine de quoi survivre. La gratitude est une attitude qui finit même par devenir indispensable dans la Pratique. Autant commencer sans attendre !
Une autre chose qui aide à l’acceptation est de se rappeler que nous avons tous un bagage kammique, qui peut être plus ou moins chargé, selon les individus. La méditation a pour effet, dans les premiers temps, d’évacuer les dettes kammiques les plus grossières. Cela explique les nombreux inconforts endurés par les méditants débutants. Plutôt que de se décourager, il faut au contraire voir dans ce cas un bon signe. Comme le dit si justement le proverbe français : « Qui paie ses dettes s’enrichit. »
Dans la pratique, nous sommes toujours profondément seuls. C’est dans l’isolement qu’on avance le plus efficacement sur la Voie. Seul, on demeure bien plus facilement concentré sur sa pratique. S’attacher à la méditation en groupe n’est pas une bonne habitude. Comment faire le jour où la salle de méditation est vide ? Un renonçant authentique favorise toujours la solitude.
Comment rester dans la solitude quand nous sommes amenés à croiser du monde ? Simplement en gardant le regard à terre. Ceci est même une règle d’or dans le renoncement. Après un bon développement de la méditation, laisser traîner son regard autour de soi équivaut pour un attrapeur de corbeaux à laisser la cage grande ouverte.
Si toutefois nous devions partager notre quotidien avec d’autres personnes, restons très exigeants sur la qualité de nos fréquentations. Elles sont toujours d’une grande influence sur nous, quoi qu’on en pense. Si les moines sérieux sortent des monastères sérieux et les moines corrompus sortent des monastères corrompus, ce n’est pas dû au hasard.
Pour se donner les meilleures conditions, nous réduisons tout au minimum. Nous supprimons de nos activités − tant que de nos accessoires divers − tout ce qui n’est pas indispensable au développement du Dhamma. C’est essentiellement pour cette raison que le Bouddha a établi tant de règles si strictes pour les moines.
Le meilleur moyen de ne pas se retrouver engourdi, « envoûté » ou corrompu par une sensation, une émotion ou une idée, est de tout lâcher dès le moindre contact avec un objet sensoriel (visuel, auditif, tactile, gustatif, olfactif ou pensé). À l’aide d’une Vigilance très active, on laisse passer ce phénomène, prenant soin d’éviter le moindre accrochage. Idéalement, on le discerne tel qu’il est, vide de substance ; on investigue la réalité. Si on ne développe pas ce réflexe, on sera inexorablement et continuellement plongé dans l’aveuglement et par conséquent dans des peines sans fin.
Le Bouddha nous a enseigné tout ce qui est nécessaire à la Délivrance, depuis la purification des éléments les plus grossiers jusqu’à l’Éveil le plus complet. Il n’y a rien besoin d’ajouter. Inutile donc de s’adonner à des disciplines apportant énergie, bien-être, équilibre ou habileté martiale.
La méditation a le pouvoir de fournir de l’énergie et de réguler naturellement bien plus de choses qu’on ne pourrait le soupçonner. Outre la « maladie des kilesā », elle guérit de nombreuses choses.
Les vérités du Dhamma vont souvent à contre-courant des idées reçues. En voici quelques-unes :
On croit généralement que la méditation est une chose difficile. En fait c’est très facile puisque cela consiste à laisser l’esprit en repos le plus complet. Le seul problème est que d’ordinaire, l’esprit est trop sauvage pour arriver à se (re)poser simplement. Ce sont seulement les mauvaises habitudes, trop ancrées, depuis trop longtemps, qui peuvent rendre la tâche difficile.
L’Enseignement du Bouddha est simple. À tel point que c’en est déconcertant. Il n’est pas la peine de perdre du temps ou de s’encombrer inutilement avec des textes compliqués.
Même l’abhidhamma − dont il est utile de rappeler qu’il n’a pas été enseigné par le Bouddha − fait partie de ces complications inutiles. Si la pratique du Dhamma peut sembler difficile, ce n’est jamais le cas de l’enseignement du Dhamma. Si un texte ou des paroles semblent compliquées, alors c’est qu’il ne s’agit pas de l’Enseignement du Bouddha.
Inutile non plus de s’encombrer avec des rites, des superstitions, des formules spéciales, des prières, des récitations ou des mantras (qui a dit que le Bouddha en avait enseigné ne serait-ce qu’un seul ?) Dès lors que nos souhaits et nos intentions sont purs, alors nous ne dévions pas de la Voie.
Il vaut mieux mettre son cœur dans la prière sans trouver de paroles
que trouver des mots sans y mettre son cœur.
Il existe de très nombreux textes sur le Dhamma, dont beaucoup sont en contradiction avec l’enseignement d’origine (même ceux d’auteurs mondialement connus). Il est donc important de ne pas accorder une confiance aveugle à ce qu’on lit − y compris ce présent site ! − et de ne plus les lire.
Autrement (car ces textes offrent souvent pour sa pratique des éclaircissements qu’on ne trouve pas dans les enseignements originaux), il faut prendre l’habitude de vérifier par soi-même s’ils sont en accord avec la parole originelle, en étudiant les Souttas, un trésor relativement bien conservé auquel nous avons la chance de pouvoir encore accéder aujourd’hui. Donc, lisons, relisons et re-relisons les Souttas.
Qui vient de parcourir cette page doit se dire qu’il est bien aisé de lire de belles phrases mais que le passage à la pratique est une toute autre histoire. C’est à force d’essayer qu’on finit par y parvenir. Bien sûr, tout dépend de ce que nous voulons vraiment. Et nous finissons toujours par récolter ce que nous méritons.
Vous êtes sage, dans la mesure où vous pouvez vous convaincre de faire des choses que vous n’aimez pas, mais dont vous savez qu’elles auront pour résultat le bonheur, et vous retenir de faire des choses que vous aimez faire, mais dont vous savez qu’elles auraient pour résultat la douleur et le mal.
À court terme, le sacrifice et les efforts semblent grands, mais ils restent insignifiants si on les compare à la Délivrance qui nous attend au bout du chemin, la fin définitive de toutes les souffrances.
Origine : Rédigé pour le site
Auteur : isi Dhamma
Date : 11 mai 2013