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06 - dhutaṅga pattapiṇḍika

Signification du dhutaṅga pattapiṇḍika

Le terme pali « pattapiṇḍa » signifie « mettre la nourriture dans un bol », c’est-à-dire, ne manger qu’à l’aide d’un bol, sans utiliser un second récipient.

« patta » = « récipient (bol, etc.) » ; « piṇḍa » = « nourriture offerte aux bhikkhu »

Le bhikkhu qui prend l’habitude de manger en utilisant un seul récipient est appelé un « pattapiṇḍika ». Lorsque cette pratique est convenablement appliquée, avec constance et diligence, avec la détermination de ne pas la rompre, on dit qu’il y a « pattapiṇḍikaṅga » (état d’esprit du repas pris à l’aide d’un seul récipient).

Adoption du dhutaṅga pattapiṇḍika

Pour adopter ce dhutaṅga, il convient de prononcer la phrase suivante soit en pali, soit dans la langue de son choix…

En pali :

« dutiyabhājanaṃ paṭikkhipāmi, pattapiṇḍikaṅgaṃ samādhiyāmi. »

En français :

« Je renonce à manger à l’aide d’un second récipient, je m’entraînerai à manger à l’aide d’un seul récipient. »

Les trois sortes de pratiquants du dhutaṅga pattapiṇḍika

Selon les restrictions, il existe trois sortes de pratiquants du dhutaṅga pattapiṇḍika :

  1. ukkaṭṭha pattapiṇḍika, le pratiquant noble du dhutaṅga pattapiṇḍika
  2. majjhima pattapiṇḍika, le pratiquant intermédiaire du dhutaṅga pattapiṇḍika
  3. mudu pattapiṇḍika, le pratiquant ordinaire du dhutaṅga pattapiṇḍika

1. le pratiquant noble

Le pratiquant noble du dhutaṅga pattapiṇḍika n’emploie pas de récipient supplémentaire, pas même pour jeter ses déchets alimentaires (os, noyaux, pelures, etc.) Dans ce cas, le bhikkhu évacue les déchets en les crachant (dans la nature). Le pratiquant noble de ce dhutaṅga peut employer un autre récipient seulement pour cracher (glaire, salive).

Lorsque le pratiquant noble de ce dhutaṅga trouve des déchets dans sa bouche (os, arêtes, pépins, etc.), il devrait essayer de les mâcher et les avaler. Si cela n’est pas possible, il ne doit pas les retirer à l’aide de la main ; il doit les cracher directement de la bouche, dans la nature.

Contrairement à un pratiquant intermédiaire ou ordinaire, le pratiquant noble ne crache pas ses déchets dans un récipient. La canne à sucre peut être coupée pendant le repas et (après le mâchement) ses déchets jetés dans un récipient prévu à cet effet. Dans ce cas, le dhutaṅga n’est pas brisé.

Dans tous les cas, le pratiquant de ce dhutaṅga (des trois sortes) ne devra pas préparer son repas avant de manger de sorte qu’il n’y ait pas de déchets dans le bol. S’il faisait ainsi, il choisirait inévitablement ce qu’il veut manger et ce qu’il ne veut pas manger. Il risquerait alors de développer des attachements. C’est pourquoi le renonçant ne choisit pas la nourriture qu’il mange, même s’il dispose d’un choix abondant.

Par ailleurs, une fois qu’il a commencé à manger, le pratiquant noble du dhutaṅga pattapiṇḍika ne casse pas en morceaux les aliments tels que le poisson, la viande, les gâteaux… En revanche, il est convenable qu’un pratiquant intermédiaire ou ordinaire de ce dhutaṅga le fasse. Certains bhikkhu professeurs prétendent (à tord) que le pratiquant noble du dhutaṅga pattapiṇḍika mélange tous les aliments (riz, légumes, viandes, sauces, gâteaux, fruits, etc.) dans son bol avant de manger. En mélangeant ainsi les aliments, on obtient quelque chose de répugnant. Personne ne souhaite manger quelque chose de répugnant. Bouddha lui-même n’appréciait que la nourriture mangée proprement. Les sekhiya critiquent largement ces manières impropres de manger. Pour cette raison, les pratiquants de ce dhutaṅga doivent manger sans chercher à rendre dégoûtant le contenu de leur bol.

2. le pratiquant intermédiaire

Le pratiquant intermédiaire du dhutaṅga pattapiṇḍika peut casser les aliments à l’aide d’une main en mangeant. Un tel pratiquant est appelé un « hatthayogī », ce qui signifie « individu employant la main ».

3. le pratiquant ordinaire

Le pratiquant ordinaire du dhutaṅga pattapiṇḍika peut casser tous les aliments qui sont dans son bol (ou assiette…) à l’aide d’une main ou des dents (sauf, pour un bhikkhu, les aliments que le sekhiya 45 n’autorise pas de casser à l’aide des dents). Un tel pratiquant est appelé un « pattayogī », ce qui signifie « individu employant un bol ».

Les avantages du dhutaṅga pattapiṇḍika

En pratiquant le dhutaṅga pattapiṇḍika, on peut bénéficier des avantages suivants…

  1. on peut être débarrassé de l’attachement aux goûts culinaires
  2. on peut être débarrassé de l’attachement dû à l’utilisation de plusieurs plats en mangeant
  3. la santé bénéficie de conditions propices, les risques de maladie sont réduits, etc.
  4. on est débarrassé de tout le travail exigé par la préparation et la vaisselle de nombreux plats
  5. le mental ne pouvant pas se disperser en allant d’un plat à l’autre, la concentration est beaucoup plus amène à se développer
  6. on bénéficie d’un moyen convenable de subvenir à ses besoins, en étant capable de se satisfaire de peu

Remarque : seule la pratique d’un dhutaṅga permet d’en comprendre véritablement les avantages.

La manière de rompre le dhutaṅga pattapiṇḍika

Dès l’instant où le pratiquant du dhutaṅga pattapiṇḍika emploie un second récipient (bol, assiette, etc.) en mangeant, il brise son dhutaṅga. Et à plus forte raison en utilisant un troisième récipient, etc.

Certains bhikkhu professeurs pensent qu’un individu pratiquant du dhutaṅga pattapiṇḍika qui accepte de la nourriture à l’aide de plusieurs plats, ou qu’il prépare son repas à l’aide de plusieurs plats, brise son dhutaṅga, même s’il n’a pas commencé à manger et qu’il mange à l’aide d’un seul récipient.

Certains bhikkhu professeurs pensent que le bol qui a servi à un repas (pour un pratiquant du dhutaṅga pattapiṇḍika) est à considérer comme « second bol » s’il prend un autre repas dans la même journée (même si le bol est le même). Selon eux, un pratiquant du dhutaṅga pattapiṇḍika brise ce dhutaṅga dès qu’il mange une seconde fois dans la journée.

Certains bhikkhu professeurs pensent que tout ce qui arrive dans la bouche du pratiquant de ce dhutaṅga (y compris les déchets tels que les os, les arêtes…) doit être patiemment broyé, mâché et avalé. Selon eux, s’il rejette quelque chose de sa bouche, il brise son dhutaṅga.

De nobles bhikkhu professeurs pensent qu’il n’y a aucune faute à accepter la nourriture à l’aide de plusieurs plats, pourvu que le pratiquant n’utilise qu’un seul récipient au moment où il mange. En effet, on peut accepter de la nourriture ou préparer son repas à l’aide de plusieurs plats (récipients), sans pour autant briser son dhutaṅga.

D’après les Commentaires (aṭṭhakathā), comme il est convenable qu’un bhikkhu limite la nourriture contenue dans son bol à la quantité optimale pour son organisme, il n’y a pas de faute s’il prépare lui-même la quantité de nourriture à l’intérieur de son bol (ni trop ni trop peu, mais juste la quantité dont il a besoin) avant de prendre son repas. Ainsi, on peut considérer qu’un individu ne brise pas ce dhutaṅga s’il prépare lui-même la nourriture à l’aide de plusieurs récipients de son repas, avant de le consommer.

Celui qui pratique le dhutaṅga pattapiṇḍika sans pratiquer le dhutaṅga ekāsanika, peut se lever et après, continuer de manger, sans briser son dhutaṅga, tant qu’il mange à l’aide du même récipient. On peut donc manger plusieurs fois dans la journée à l’aide du même récipient, sans briser le dhutaṅga pattapiṇḍika.

En réalité, le dhutaṅga pattapiṇḍika ne concerne que le fait de manger en se limitant à l’emploi d’un seul récipient. Dans le vissuddhi magga, il est dit :

« imesaṃ pana tiṇṇampi dutiyabhājanaṃ sāditakkhaṇe dhutaṅgaṃ bhijjati. »

Ce qui signifie : « Le pratiquant ordinaire, intermédiaire ou noble (de ce dhutaṅga) brise ce dhutaṅga dès qu’il utilise un instant un second récipient pour manger. »

Dans ces conditions, ce dhutaṅga ne peut pas être brisé, même en mangeant plusieurs repas dans la même journée. L’essentiel est de prendre tous les repas de la journée à l’aide du même récipient.

Étant donné que l’eau peut être bue à tout moment de la journée, on peut naturellement en boire à l’aide d’un autre récipient sans briser ce dhutaṅga, car ce dernier ne concerne que la nourriture.

Le mélange des aliments

Le pratiquant du dhutaṅga pattapiṇḍika devrait éviter de mélanger des aliments dont le mariage donne un goût dégoûtant. Si on lui offre de la viande et de la bouillie de riz, par exemple, il devrait manger d’abord la viande et la bouillie de riz ensuite, ou la bouillie en premier lieu, et après seulement la viande. Si en revanche, il dispose de deux types d’aliments dont le mariage n’a rien de dégoûtant, comme de la bouillie de riz (sans huile et sans sel) et du miel, il peut les mélanger. Toutefois, il ne devra pas se servir avec avidité, de sorte à ne pas pouvoir finir le contenu de son récipient.

Un pratiquant du dhutaṅga pattapiṇḍika peut toutefois mettre des aliments sucrés, comme des fruits, des gâteaux, etc., dans un coin de son bol (ou assiette…), sans les mélanger, qu’il pourra manger avant ou après le reste. Il est d’ailleurs tenu de faire ainsi s’il prend son repas en une seule fois.

infos sur cette page

Origine : Ouvrage en birman

Auteur : Moine Devinda

Date : 2001

Traducteur : Moine Dhamma Sāmi

Date de traduction : Janv. 2004

Mise à jour : 18 juin 2005