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Petit exposé sur les bonnes raisons et la façon d’embrasser une existence monastique.
Selon Bouddha, qui a établi la plus ancienne des communautés monastiques – celle du dhamma – l’esprit monastique est intrinsèquement lié au renoncement et au mode de vie qui en découle.
Bien au-delà de se limiter à l’entretien d’une communauté fondée autour de la diffusion et de la préservation des enseignements du dhamma, la vie monastique est avant tout un état d’esprit. C’est le fait de consacrer l’intégralité de son temps (pas nécessairement à vie, mais tout du moins le temps que dure l’expérience monastique) à développer une compréhension directe de la réalité, tout en entretenant une conduite aussi vertueuse que possible. La vie monastique, c’est également s’entraîner de son mieux à lâcher prise sur tout ce qui n’est pas vraiment indispensable.
Il n’y a que tant de bonnes raisons d’embrasser la vie monastique, si toutefois nous avons la chance de ne pas être trop englués par les plaisirs éternellement insatiables et sans substance de la vie mondaine. L’utilité d’adopter une telle existence réside avant tout dans le fait de se voir offrir les meilleures conditions pour une mise en œuvre facile, efficace et rapide du noble entraînement conduisant au détachement.
Intégrer la communauté des moines ou celle des nonnes permet de bénéficier d’un mode de vie où tout est conçu pour nous mettre sur les rails de la voie rapide vers la Libération, porte de sortie de toutes les insatisfactions. L’existence monastique incite continuellement au développement d’une conduite saine et rien n’y encourage la production d’actes nuisibles ou même futiles. Outre constituer un terrain très propice à la purification mentale, la vie monastique est une grande protection contre la majorité des malheurs qui affectent tant notre monde et qui généralement prennent racine dans le mental.
Dans l’absolu, l’entrée dans une communauté monastique n’est pas requise pour l’adoption d’une « vie monastique », puisque comme chacun le sait, ce n’est pas l’habit qui fait le moine. Cependant, il est bien plus simple et pratique de prendre la robe (de bhikkhu, de sāmanera ou de nonne) si l’on aspire à un mode de vie monastique.
Pour l’intégration dans la communauté monastique de Bouddha (donc celle du théravada), trois possibilités sont offertes. Du point de vue procédural, en dehors de certains critères demandés pour devenir bhikkhu, seule l’observance de quelques préceptes est exigée.
Que nous soyons nonne, sāmanera ou bhikkhu, nous nous rasons le crâne (ainsi que la barbe pour les hommes) et nous adoptons le port exclusif d’une robe monastique. Si ce sont là les seuls signes extérieurs qui montrent instantanément qu’on embrasse une vie monastique, seuls nos comportements au quotidien le montrent dans la durée.
Le statut de sāmanera – qu’on appelle souvent « novice », bien que ce terme ne soit pas exact – (le noviciat est une phase d’entraînement en vue de devenir moine, or l’on peut demeurer sāmanera à vie ou au contraire, passer directement au statut de bhikkhu sans rester sāmanera plus d’un bref instant) est souvent un bon compromis (pour un homme). La discipline est beaucoup plus souple que celle du bhikkhu, et les conditions de vie et de pratique sont pour ainsi dire identiques. Le sāmanera est donc très libre d’adapter sa conduite selon ses dispositions, en gardant toutefois au minimum un respect constant des dix préceptes.
Du point de vue pratique, les qualités requises pour une vie monastique digne de ce nom résident surtout dans un renoncement complet, un réel souhait de détachement et une motivation sans faille pour méditer jusqu’à la Délivrance. Sans méditation, une vie monastique serait comme une rizière abandonnée : du gaspillage. À l’instar d’un champ, la pureté mentale n’apporte bénéfice que lorsqu’elle est cultivée. Dans tous les cas, chaque chose doit être accomplie naturellement et sereinement. La contrainte n’a pas sa place dans l’esprit monastique.
Remarquons aussi que rien n’est obligatoire dans la mesure où personne n’est tenu ni d’intégrer la communauté monastique, ni d’y rester. Le tout étant d’adopter la meilleure pratique possible pendant la durée de son expérience monastique (qu’elle soit d’une demie journée où d’une vie entière), autant par respect pour les bienfaiteurs qui soutiennent la communauté et qui prennent exemple sur elle, que pour saisir cette précieuse occasion de développer de grands bénéfices sur la voie de la Sagesse.
À l’inverse de certains ordres où l’esprit monastique se cultive essentiellement collectivement, c’est plutôt individuellement que s’entretient l’esprit monastique bouddhique. L’avantage est une plus grande liberté, mais par conséquent un plus grand risque de laisser aller. Il convient donc de savoir s’autodiscipliner si l’on souhaite que son expérience monacale porte ses fruits.
Hormis Bouddha, le moine parfait n’existe pas. La voie monastique est un entraînement qui dure jusqu’au dernier souffle. Pour embrasser cette existence, nul besoin d’attendre d’avoir mis un terme à tous ses attachements, puisque cette voie est précisément un outil spécialement conçu pour y parvenir. Le seul moyen de savoir si cette noble vie peut nous convenir, c’est d’essayer, ne serait-ce quelques jours. Parfois certains pensent être faits pour et s’aperçoivent après un séjour dans un monastère s’être fourvoyés. Parfois, d’autres se trompent en croyant ne pas être prêts pour la vie monastique, que tous les renonçants s’accordent à appeler « la vie sans soucis ».
Bien que l’essentiel soit son état d’esprit et sa propre pratique, le lieu de résidence a tout de même son importance, en particulier tant qu’on n’est pas un « renonçant endurci ». Selon ses souhaits et inspirations, on peut opter pour une résidence plutôt peuplée, où les moines (ou nonnes) vivent en étroite collectivité (exemple : un grand monastère), ou pour une résidence plutôt peu peuplée, où l’on mène une existence plus ou moins solitaire (exemple : une petite kuti en forêt)
Voici quelques critères utiles pour le choix d’un lieu où établir sa vie monastique (sachant qu’on peut en changer à tout moment). Attention : il convient de tenir compte de ces critères dans la mesure de ses propres aptitudes. Dans tous les cas, toute condition extrême susceptible de provoquer une perturbation mentale durable est à exclure :
* par rapport aux besoins vitaux, non selon ses goûts.
N’importe quel moment convient pour embrasser la vie monastique. Il n’est jamais trop tôt… sauf si l’on n’est vraiment pas prêt pour, et il n’est jamais trop tard… sauf si l’on a trop attendu.
Si vous souhaitez expérimenter la vie monastique, vous serez le(la) bienvenu(e) dans pratiquement n’importe quel monastère (centre, temple…), mais attention : les prétextes pour toujours « remettre à plus tard » s’imposent trop facilement à l’esprit, et la décision ferme « j’y vais » a généralement bien du mal à se frayer un chemin. Si ça n’était pas le cas, peut-être qu’aujourd’hui vous connaîtriez depuis longtemps le pur bonheur de la vie monastique !
Origine : Texte écrit pour le site
Auteur : Moine Dhamma Sāmi
Date : 13 sept. 2008
Mise à jour : 14 sept. 2008