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Le brahmane Sundarika Bhāradvāja dont il est question dans la deuxième partie de ce récit tenait son surnom, Sundarika, du fait qu’il se baignait dans la rivière Sundarikā en croyant que cela le purifierait de ses fautes. Bhāradvāja était son nom de famille. Il y avait de nombreuses eaux sacrées où l’on pouvait se laver de ses mauvaises actions. Le récit mentionne les rivières Bāhukā, Sundarikā, Sarassatī et Bāhumatī, le gué Adhikakka, le bassin circulaire de Gayā dans le Bihar d’aujourd’hui, et Payāga, un gué du Gange situé en face du palais de Mahā Panāda.
Le mois de Phaggu marquait le début du printemps. Le bain pris le jour qui suivait la pleine lune de ce mois était réputé purifier toutes les fautes commises au cours de l’année.
Uposatha : les quatorzième et quinzième jours du mois lunaire, jours de pratiques spéciales.
Ainsi ai-je entendu.
En ce temps-là le Bienheureux séjournait, près de Sāvatthi, dans le parc Anāthapiṇḍika du bois Jéta. En cette circonstance le Bienheureux s’adressa aux moines :
— Moines !
— Oui, Maître, lui répondirent les moines.
Le Bienheureux leur dit ceci :
— Si une étoffe est tachée et salie, moines, quand le teinturier la plonge dans un bain pour qu’elle devienne bleue, jaune, rouge ou garance, l’étoffe prend mal la teinture et la coloration n’est pas uniforme. Pourquoi ? Parce que cette étoffe n’est pas propre. De même, quand l’esprit est souillé, on ne peut espérer qu’une mauvaise destinée.
Mais si une étoffe est nettoyée et propre, quand le teinturier la plonge dans un bain pour qu’elle devienne bleue, jaune, rouge ou garance, l’étoffe prend bien la teinture et la coloration est uniforme. Pourquoi ? Parce que cette étoffe est propre. De même, quand l’esprit n’est pas souillé, on peut espérer une bonne destinée.
Et quelles sont, moines, les souillures de l’esprit ? L’attachement-convoitise(*) est une souillure de l’esprit, l’aversion… la colère… le ressentiment… l’ingratitude… l’esprit de rivalité… la jalousie… le refus de partager… la dissimulation… la simulation… l’obstination… l’esprit de compétition… se surestimer… se sous-estimer… l’infatuation… l’insouciance est une souillure de l’esprit.
L’attachement à ses propres possessions, la convoitise envers les possessions des autres.
Et, moines, en voyant que l’attachement-convoitise est une souillure de l’esprit, le moine élimine cet attachement-convoitise. En voyant que la colère… le ressentiment… l’ingratitude… l’esprit de rivalité… la jalousie… le refus de partager… la dissimulation… la simulation… l’obstination… l’esprit de compétition… se surestimer… se sous-estimer… l’infatuation… et l’insouciance sont des souillures de l’esprit, le moine élimine ces souillures.
Et, moines, quand le moine a vu l’attachement-convoitise et les autres facteurs comme des souillures de l’esprit et les a éliminés(*), il a une extrême confiance dans le Bouddha : « Vraiment, le Bienheureux est accompli, parfait Bouddha, doué de science et de bonne conduite, bien-allé, connaisseur du monde, suprême, cocher des mâles à dresser, maître des brahmā et des hommes, Bouddha, Maître suprême(**) ».
* Élimination totale par le chemin sans retour.
** Confiance dans le Bouddha, le Dhamma et le Sangha : Visud VII 2, 68 et 89 respectivement.
Ce moine a aussi une extrême confiance dans le Dhamma : « Vraiment, le Dhamma est bien exposé par le Bienheureux, on doit le voir par soi-même, il est immédiat, il a la qualité viens-et-vois, il doit être amené, et les savants doivent le connaître en eux-mêmes ».
Ce moine a enfin une extrême confiance dans le Sangha : « Vraiment, en bon chemin est la communauté des disciples du Bienheureux, dans le droit chemin est la communauté des disciples du Bienheureux, sur le chemin juste est la communauté des disciples du Bienheureux, sur le chemin correct est la communauté des disciples du Bienheureux ; elle se compose de quatre paires de personnes, de huit types d’individus. Cette communauté des disciples du Bienheureux est digne d’offrandes, digne de cadeaux, digne de dévouements, digne de salutations mains jointes, elle constitue le meilleur des champs de mérite qui soit au monde. »
Et dans la mesure où les kilesa sont abandonnés, vomis, lâchés, éliminés et délaissés, le moine est très satisfait d’avoir cette confiance extrême dans le Bouddha, il est très lucide sur les causes de la confiance, une grande joie l’accompagne, avec la joie naît le ravissement (pīti), avec le ravissement le corps s’immobilise ; quand il s’immobilise, il ressent la félicité, et avec la félicité l’esprit se concentre intensément.
De même, il est très satisfait d’avoir cette confiance extrême dans le Dhamma, il est très lucide sur les causes de la confiance, une grande joie l’accompagne, avec la joie naît le ravissement, avec le ravissement, le corps s’immobilise ; quand il s’immobilise, il ressent la félicité, et avec la félicité l’esprit se concentre intensément.
De même, il est très satisfait d’avoir cette confiance extrême dans le Sangha, il est très lucide sur les causes de la confiance, une grande joie l’accompagne, avec la joie naît le ravissement, avec le ravissement, le corps s’immobilise ; quand il s’immobilise, il ressent la félicité, et avec la félicité l’esprit se concentre intensément.
De même, il est très satisfait de savoir que les souillures sont abandonnées, vomies, lâchées, éliminées et délaissées, il est très lucide sur les causes, une grande joie l’accompagne, avec la joie naît le ravissement, avec le ravissement le corps s’immobilise ; quand il s’immobilise, il ressent la félicité, et avec la félicité l’esprit se concentre intensément.
Et quand le moine a cette vertu, moines, qu’il a cette concentration et cette sagacité(*), il peut manger du riz excellent, sans grains noirs, accompagné de plusieurs sauces et assaisonnements, sans que cela constitue un obstacle pour lui.
La sagacité (pañña) de l’état sans-retour. Il n’y a plus aucun obstacle au chemin et au fruit.
Après être passé dans une eau pure, moines, un tissu souillé et couvert de taches devient propre et bien nettoyé. Après être passé dans le creuset, l’or brut est bien purifié et affiné. De même, si le moine qui a cette vertu, cette concentration et cette sagacité mange du riz excellent, sans grains noirs et bien assaisonné, cela ne constitue pas un obstacle pour lui.
Il diffuse dans une direction un état d’esprit plein de bienveillance (mettā) et il maintient cette attitude. De même dans la deuxième direction. De même dans la troisième. De même dans la quatrième. Et aussi en haut, en bas, en travers, partout, envers tous comme envers lui-même, dans le monde entier. L’état d’esprit plein de bienveillance qu’il diffuse est ample, magnifié, incommensurable, amical et plaisant(*).
Commentaire complet en Visud IX 44. Avec ces 4 attitudes saintes est montré un moyen pour éliminer encore mieux les souillures et atteindre ainsi le chemin d’accomplissement.
Il diffuse dans une direction un état d’esprit plein de compassion…
Il diffuse dans une direction un état d’esprit plein de joie…
Il diffuse dans une direction un état d’esprit plein d’équanimité…
Il reconnaît avec sagacité : « Il y a ceci, il y a l’inférieur, il y a l’excellent, il y a l’ultime échappatoire à cette perception(*) ».
Ceci : le malheur. L’inférieur : sa source. L’excellent : le chemin. L’échappatoire à la perception de l’attitude sainte : le dénouement, l’arrêt.
Quand il connaît cela(*), quand il voit cela, son esprit est délivré de la contamination par les sens, délivré de la contamination par l’existence, délivré de la contamination par l’aveuglement (avijjā). Dans la délivrance vient la connaissance « délivré ». Il sait profondément que la naissance est détruite, la vie sainte vécue, fait ce qui était à faire et rien de plus ici-bas.
Quand il connaît les 4 aspects de chacune des 4 vérités (Visud XXII 97).
On dit que ce moine se baigne dans le bain intérieur. »
À ce moment le brahmane Sundarika Bhāradvāja était assis non loin du Bienheureux. Il demanda au Bienheureux :
— L’honorable Gotama se baigne-t-il dans la rivière Bāhukā ?
— Pourquoi la rivière Bāhukā, brahmane ? Que peut faire la rivière Bāhukā ?
— Beaucoup de gens, honorable Gotama, croient à la délivrance par la rivière Bāhukā. Beaucoup de gens pensent que la rivière Bāhukā leur confère du mérite. Beaucoup de gens lavent leurs mauvaises actions dans la rivière Bāhukā.
Alors, le Bienheureux déclama ces vers pour le brahmane Sundarika Bhāradvāja :
Le sot aux sombres actions ne peut se purifier
en se plongeant souvent dans l’eau de la Bāhukā,
d’Adhikakka, de Gayā ou de la Sundarikā,
de la Sarassatī, de Payāga ou de la rivière Bāhumatī.
Que peut la Sundarika ? Que peut Payāga ? Que peut la rivière Bāhukā ?
Certainement pas laver les mauvaises actions
de l’homme corrompu et méchant.
Mais quand on est pur, tous les mois sont Phaggu.
Quand on est pur, tous les jours sont uposatha.
Quand on est pur et qu’on agit proprement,
les rites sont toujours des succès.
Baigne-toi ici(*), brahmane, et sois en paix avec tous les êtres.
Si tu ne profères pas de mensonges,
si tu n’endommages pas le souffle vital,
si tu ne prends pas ce qui ne t’est pas donné,
si tu as de la conviction et ne refuses pas de partager,
qu’irais-tu faire à Gayā ?
Pour toi tous les bassins seront Gayā.
Ici : dans mon enseignement.
Ainsi parla le Bienheureux. Et le brahmane Sundarika Bhāradvāja lui dit :
— C’est merveilleux, honorable Gotama ! C’est merveilleux, honorable Gotama ! C’est comme si l’honorable Gotama avait redressé ce qui penchait, avait révélé ce qui était caché, avait montré le chemin à l’égaré, et avait apporté une lampe dans l’obscurité pour que ceux qui ont des yeux voient ! C’est ainsi de plusieurs façons que l’honorable Gotama a exposé l’enseignement. Je cherche refuge auprès de l’honorable Gotama, du Dhamma et du Sangha. Puissè-je recevoir l’ordination en présence de l’honorable Gotama ! Puissè-je recevoir aussi l’ordination majeure !
Le brahmane Sundarika Bhāradvāja reçut l’ordination mineure en présence du Bienheureux, il reçut aussi l’ordination majeure. Peu de temps après son ordination majeure, le Vénérable Bhāradvāja demeura solitaire, intériorisé, vigilant, ardent, inébranlable, et il ne lui fallut pas longtemps pour voir de ses propres yeux, par connaissance directe, dans la réalité présente, cet aboutissement insurpassable de la vie sainte pour lequel les fils de bonne famille passent à juste titre du foyer au sans-foyer, il y accéda, il y demeura. Il reconnut : « détruite est la naissance, achevée la vie sainte, fait ce qui était à faire et rien de plus ici-bas ». Et le Vénérable Bhāradvāja fut l’un des Accomplis (arahant).
Origine : Enseignements et discussions entre Bouddha, ses disciples, ses antagonistes… (Nord de l’Inde actuelle)
Date : Ve siècle avant notre ère
Traducteur : Christian Maës
Mise à jour : 25 févr. 2011