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Maya la renonçante

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1. Maya

Quand la porte de sortie s’est ouverte, j’ai simplement avancé lentement, uniquement préoccupée par l’instant présent, concentrée sur chacun de mes pas. N’ayant plus aucun lieu où aller ni plus aucun but, je décidais de me laisser complètement emporter par le vent. Au grand croisement, le réflexe de m’isoler de la civilisation et de toute son agitation m’a naturellement fait emprunter le chemin de la campagne. À l’ombre d’un saule au feuillage généreux, je me suis assise, le dos contre le tronc massif du vieil arbre. J’ai observé quelques instants le vent chuchoter doucement dans mes oreilles, puis je me suis allongée. J’étais sur de l’herbe fraîche, dont l’odeur et le vert intense m’impressionnaient. Je la caressais, heureuse et fascinée comme si je découvrais la nature pour la première fois. Puis, laissant les yeux se fermer complètement, j’ai visionné toute mon existence, voyant s’enchaîner toutes les étapes qui m’ont menées là. Pour bien comprendre comment je suis arrivée jusqu’à vous, laissez-moi vous raconter mon histoire.

Nous n’étions pas riches, mais nous ne manquions de rien, maman, mon petit frère et moi. Nous habitions une petite masure sur une colline de la plaine qui s’étend au nord de la ville. Nous entretenions un jardin potager devant notre demeure. Il donnait des légumes très divers, selon les saisons, que j’allais régulièrement vendre aux maraîchers de la ville. Ils ne prenaient que les plus beaux, et plutôt que de laisser les autres à une gargote pour une bien maigre somme, je préférais les offrir à des mendiants. Après avoir acheté quelques galettes et de l’huile pour les lampes, je remontais chez nous avec le reste de la recette, qui se destinait surtout au paiement de notre loyer. Alors que je marchais jusqu’à la ville, maman entretenait la maison. À mon retour, elle se reposait, puis préparait la soupe. Pendant ce temps, je m’occupais de mon petit frère, qui avait passé toute la matinée à se baigner dans l’étang, à grimper aux arbustes ou à courir après les chats.

Nos seuls voisins étaient le propriétaire et son neveu, qui ne passait que deux jours par semaine dans la demeure citadine de ses parents. Le reste du temps, il vivait chez son oncle, l’assistant dans son travail d’élevage de chevaux. C’était un adolescent très joyeux de nature. Il avait parfois des allures un peu étranges, mais il demeurait toutefois très aimable. Il me proposait souvent une promenade en cheval. Je préférais nettement mes petites balades en solitaire dans les champs de tournesols, mais il avait l’air si heureux de me voir accepter, que j’étais contente de pouvoir lui faire plaisir. Il a dû manquer d’affection durant son enfance, car il me prenait souvent la main, il aimait se coller contre moi et rester ainsi de longs instants, les yeux fermés, un léger sourire aux lèvres, alors je le laissais faire. Je le maternais un peu, comme s’il était un second petit frère. En revenant de la ville, lorsque je prenais ma douche dans la cour derrière la masure, je l’apercevais parfois me regarder d’un air très amusé. C’était probablement ma robe de bain, trop grande pour moi et dont le motif à carreaux rappelait celui des tissus couvrant le dos des ânes, qu’il trouvait drôle. Je m’imaginais alors avec de grandes oreilles pointues, et riais de bon cœur avec lui.

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